21/11/2014

L'incomprise [Concours]




Synopsis 

Aria, neuf ans, fait face à la séparation très violente de ses parents. Au milieu de leurs disputes, mise à l’écart par ses demi-sœurs, elle ne se sent pas aimée. Ballotée de l’un à l’autre, elle erre à travers la ville avec son sac à dos et son chat noir. Frôlant le désespoir, elle essaie de préserver son innocence.



Mon avis

Une bonne claque! Le troisième film d'Asia Argento est certainement un  film qui ne vous laissera pas indifférent. Il m'a tour à tour enthousiasmée, émerveillée, mise mal à l'aise, fait souffrir, pleurer, sourire, rire.  C'est un film sur l'enfance, une enfance à part, malmenée entre des adultes extravagants et peu équilibrés, et servi par un casting superbe. C'est un véritable plaisir de voir Charlotte Gaisnbourg dans un rôle aussi glamour et rock&Roll, ce qui change des films dans lesquelle on a l'habitude de la voir. Quant à la petite Giulia, elle crève l'écran! Quelle juste interprétation! J'émet un petit bémol sur le jeu de Gabriel Garko, beau à tomber, qui m'a semblé un peu faux par moments, mais c'est un détail. Je recommande !

Plutôt que de vous spoiler le film, je vous propose de lire ce passionant entretien avec la réalisatrice...avant de découvrir la bande-annocne, et le concours pour gagner vos places !


Réalisation : Asia Argento
Langue : italien 
Acteurs : Giulia Salerno, Charlotte Gainsbourg, Gabriel Garko. 
Sortie le 26 Novembre

ENTRETIEN AVEC ASIA ARGENTO

L’Incomprise raconte l’histoire d’Aria, une petite fille de 9 ans qui a du mal à
trouver sa place entre deux parents totalement égocentriques. Qu’elle est la part
autobiographique dans ce portrait ?

Asia Argento : Très bien, commençons par là pour dissiper tous malentendus ! Non,
L’Incomprise n’est pas un film autobiographique. Il serait inutile et vain de faire des
parallèles entre la vie d’Aria et celle d’Asia. Si j’avais voulu évoquer mes parents, j’aurais
réalisé un documentaire type Capturing the Friedmans (Andrew Jarecki, 2004). Chacun
peut s’identifier à mon héroïne. Qui dans son enfance n’a pas eu ce sentiment d’être
incompris aux yeux des autres, à commencer par ses propres parents ? Je l’ai ressenti
comme tout le monde. Certaines choses dans le film sont inspirées de mon vécu ou de
ce que j’ai pu observer chez des amis. En cela, L’Incomprise est un film personnel mais
en aucun cas thérapeutique.


Le fait d’être mère vous-même a-t-il nourri le scénario de L’Incomprise ?

Peut-être mais pas de façon directe. Ou plutôt si, puisque ma fille joue dans le film (rires)!
C’est l’une des soeurs d’Aria, celle avec les longs cheveux, très proche de sa mère. Mon
film précédent Le Livre de Jérémie (2004) a été réalisé moins d’un an après avoir donné
naissance à ma fille. En découvrant le roman de JT LeRoy, qui racontait une histoire
terrible de mère, j’ai ressenti l’urgence d’en faire un film. Sur le tournage du Livre de
Jérémie, j’avais pris un plaisir immense à tourner avec des enfants. Une vraie révélation.
Tourner L’Incomprise était donc une façon de prolonger ce travail. J’ai été moi-même une
enfant actrice. Je n’ai toutefois jamais croisé de cinéastes qui se comportaient avec moi
comme je me comporte aujourd’hui avec mes jeunes interprètes. Je n’essaye pas
d’instaurer une quelconque supériorité, au contraire, je me mets à leur hauteur. C’est très
communiste comme collaboration (rires). On est tous égaux. C’est pour cette raison qu’à
la fin de L’Incomprise, j’ai utilisé un bout de l’hymne communiste. Si Aria avait eu une
vraie place dans le schéma familial, à égalité avec les autres membres, elle n’aurait pas
de traumatisme affectif. J’ai gardé une âme d’enfant. Travailler avec eux me permet de
garder le contact avec cette part de moi-même.

Est-ce toutefois toujours facile de tourner avec des enfants ?

Les deux mois précédents le tournage, tous les enfants qui allaient jouer dans le film ont
passé leur week-end chez moi. Ils ont ainsi formé un groupe. Je les ai écoutés, j’ai essayé
de comprendre leur personnalité. J’ai modifié le scénario en fonction de leur langage, leur
comportement. La majorité des interprètes de L’Incomprise n’avait jamais joué
auparavant. Devant la caméra, ils étaient des pages blanches.
Giulia Salerno qui interprète Aria avait en revanche déjà tourné dans d’autres films
auparavant…
C’était important qu’elle soit actrice. Giulia est devenue Aria devant ma caméra, je devais
capter cette transformation, cette composition. C’est un vrai travail d’interprétation.
Comme Aria, Giulia a quelque chose de géniale qui la rend différente des autres. Au début
du film, je me suis attardée sur son visage en gros plan. Il est très magnétique, profond,
beaucoup d’émotions passent. Elle a par ailleurs une façon très musicale de se mouvoir
dans l’espace. Elle pratique le violon. Pour la diriger, il me suffisait de battre la mesure à
haute voix pour qu’elle trouve ses marques. Elle a le sens du rythme. Elle m’a fait
entièrement confiance. Même si elle est actrice depuis l’âge de 5 ans, elle a gardé une
part d’innocence dans son jeu. En regardant la cassette de ses essais pour le film, j’ai tout
de suite senti une force énorme. Le choc a été immédiat. J’ai observé son comportement
avec les autres enfants. Elle a une personnalité très forte. C’était parfois difficile sur le
tournage, mais j’aime ça. Giulia est une vraie actrice.

Le titre de votre film L’Incomprise renvoie inévitablement à un classique du
cinéma italien, L’Incompris de Luigi Comencini (1967), grand film sur l’enfance.
Vous le citez d’ailleurs à l’écran via un extrait. En quoi a-t-il influencé votre
travail ?

Ce film découvert enfant, m’a longtemps obsédée. Je le disais plus haut, chaque enfant
ressent un sentiment d’injustice vis-à-vis de ses parents, de ses copains ou de ses
professeurs d’école... Le film de Luigi Comencini parlait magnifiquement de ça. Gamine,
j’ai beaucoup pleuré en le regardant. Au moment d’écrire le scénario de mon film, je me
suis dit qu’il fallait que je le revoie. J’ai pleuré de la même façon. Il y a là une blessure
universelle de l’enfance. Une enfance incomprise, perdue, maltraitée... C’est plus ou
moins fort selon la sensibilité de chaque être humain. J’ai lu le roman de Florence
Montgomery dont le film de Comencini est l’adaptation, mais il ne présente pas beaucoup
d’intérêt. Si j’ai emprunté le titre au film de Comencini, le parallèle s’arrête là. Le héros de
L’Incompris n’est pas forcément très aimable. Sa douleur en fait même quelqu’un d’assez
horripilant, même si à la fin il y a une rédemption. Le père comprend enfin sa douleur.
Aria est différente. Elle ne comprend pas le monde des adultes et essaye de s’en sortir
avec ses armes et son intelligence. Elle subit moins. Les adultes autour d’elle ont trop
d’égo pour supporter une gamine intelligente. Aria, contrairement à ses soeurs, n’accepte
pas le comportement de ses parents, de devenir leur petit toutou. L’une devient presque
une concubine pour son père, l’autre est l’idole de sa mère. Et au milieu, il y a Aria,
trimballée à droite et à gauche car ils ne savent pas quoi en faire. Une récente étude aux
Etats-Unis indique que 70% des pères et 65% des mères, préfèrent leur premier enfant aux
autres.

Vous avez choisi de présenter les parents comme des monstres d’égoïsme, et en
même temps avec un côté glamour, rock-star… Y avait-il une volonté d’aller vers
la caricature ?

Ce ne sont pas des monstres ! Ils sont aussi rigolos dans leur égoïsme. Ils sont extrêmes
mais ils changent sans arrêt d’avis, de comportements. L’idée de faire du père une sorte
de star permettait de placer le personnage d’Aria face à des dilemmes moraux vis-à-vis
de ses camarades d’école. Dans une séquence, on voit Aria dans la rue avec sa copine.
Derrière elles, des camarades d’école les observent. Â Pourquoi me suivent-ils, c’est
pour voir mon père ? Ê. Sa copine lui répond : Â Non, c’est toi qu’ils suivent ! Ê Elle doute
de l’intérêt qu’elle peut susciter. Son père prend trop place. Si j’ai montré des parents de
la sorte, c’est également pour casser certains stéréotypes du cinéma italien, où la famille
est toujours représentée de la même façon. Il y a une vraie sacralisation de la famille dans
le cinéma italien traditionnel. Or les familles modernes sont souvent recomposéesÁ J’ai
vécu ça et mes enfants aussi puisqu’ils sont issus de deux unions différentes. Je ne me
reconnais pas dans la majorité des films italiens d’aujourd’hui.

Le choix de situer l’intrigue du film dans les années 80 était-il justement une façon
de prendre une distance avec notre présent et donc, toutes formes de
représentations conventionnelles ?

Je ne voulais pas faire un film en costumes pour autant, même si nous avons cherché une
esthétique précise, très colorée, presque fluo. Pour la texture de l’image, je voulais
retrouver les couleurs des polaroïds dont le temps a altéré certaines nuances. Comme
une mémoire qui s’efface peu à peu. On essaye de se rappeler certains souvenirs et une
partie de notre mémoire disparaît. Il ne fallait pas se perdre dans les détails esthétiques
pour éviter l’exercice de style. Faire un film dans notre présent aurait rendu la solitude
d’Aria difficile à exprimer. L’enfant a aujourd’hui des téléphones portables, des
Playstations, des réseaux sociaux pour tromper sa solitude. Il peut s’enfermer dans sa
chambre et communiquer avec l’extérieur. Il y a une sorte de lobotomisation des esprits.
Dans les années 80, il fallait sortir pour voir les autres.
Justement, vous n’hésitez pas à montrer les différents trajets d’Aria dans la rue et
à les répéter pour mieux accentuer cette solitude…

Montrer Aria dans la rue avec ses valises, la cage avec son chat dedans, offrait une image
symbolique évidente. Le poids des bagages, le poids de l’existence, le poids de sa
solitudeÁ Elle est toujours entre deux endroits, deux mondes, deux sensations. Il y a
dans ces moments un mélange de liberté et de désespoir. C’est un peu les 400 coups de
François Truffaut. Je suis partie de cette image pour écrire cette histoire. Aria est livrée à
elle-même, ne sait pas où aller, puis se retrouve dans un petit jardin de merde à Rome
avec une architecture fasciste. Il n’y a qu’elle et les chats errants. Comme eux, elle
s’approche de l’abysse mais ne se fait jamais mal.

Contrairement à L’Incompris qui assumait son caractère mélodramatique, vous
semblez chercher une certaine légèreté même dans les situations difficiles.

Les mots de la fin traduisent parfaitement mes intentions. Aria dit : Â Je ne vous ai pas
raconté tout ça pour jouer les victimes. Mais pour que vous me connaissiez un peu mieux.
Et peut-être que maintenant, vous serez un peu plus gentil avec moi.Ê Oui elle souffre,
ses parents, ses soeurs sont méchants avec elle mais elle reste solide jusqu’au bout. Au
début du film, dans son journal intime, on peut y lire: Â Aria est forte, c’est la meilleure ! Ê.
Elle a de l’amour propre. Elle sait que tout ce qu’elle endure finira par passer. Elle ne se
sent pas responsable de ce qui lui arrive et n’essaye pas d’expier une faute.
Le rôle de la mère est joué par Charlotte Gainsbourg. A-t-il été écrit pour elle ?
Oui. Enfant, lorsque j’ai découvert L’Effrontée, je suis tombé amoureuse de cette artiste.
Je l’ai toujours vu comme une soeur. Une âme soeur plutôt. J’ai repensé à une interview
que j’avais donnée pour la sortie de mon premier long métrage Scarlett Diva en 2000. Le
journaliste m’avait alors demandé : Â Si un jour tu ne joues plus dans tes films, qui
pourrait jouer à ta place ? Ê. J’avais répondu  Charlotte Gainsbourg ! Ê. Le rêve est
devenu réalité. Elle est généreuse, sensible, belle à filmerÁ Tout est poésie chez elle. J’ai
eu la chance de la rencontrer sur le tournage du film d’Yvan Attal, Do not Disturb.

Pourquoi vous n’avez pas joué ce rôle vous-même ?

L’expérience de mon dernier film en tant que réalisatrice, Le Livre de Jérémie, a été
tellement désastreuse qu’il m’a fallu 10 ans pour en faire un autre. J’ai bien retenu la
leçon ! Je ne me trouve pas bonne actrice car je n’ai plus le désir de jouer. Transylvania
en 2006 de Tony Gatlif est la dernière expérience en tant qu’actrice qui m’ait vraiment
satisfaite. Après c’était un peu répétitif. Alors la vie est un beau livre, on tourne la page. Ça
fait trente ans que je fais ce métier. Quand je jouais, je faisais toujours attention à la mise
en scène. C’était mon école de cinéma. Des cinéastes comme Abel Ferrara et Tony Gatlif
ont été des professeurs formidables. C’est après avoir tourné avec Abel Ferrara, New
Rose Hotel en 1998, que je me suis enfin décidée à tourner mon premier film.

Et Gabriel Garko qui joue le rôle du père ?

En Italie, c’est une star de la télévision. Il fait beaucoup de téléfilms. En Italie, c’est un peu
comme en France, si vous faites de la télé, personne ne vous prend pour faire du cinéma.
C’est complétement stupide. Physiquement, il me fait penser à des acteurs italiens des
années 70-80 comme Franco Nero, Giuliano GemmaÁ Beau, fort, avec une vraie
personnalité. Viril mais capable de ne pas se prendre trop au sérieux. A la télé, Gabriel
incarne toujours le beau mec, alors qu’il peut tout faire. Ce n’était pas simple de rendre
crédible le personnage du père sans sombrer dans la pantomime.
La beauté physique des parents était importante pour vous ?
C’est la façon dont Aria les regarde. C’est sa vérité. Elle idéalise ses parents et ça passe
par la beauté extérieure. C’est elle qui regarde ici. C’est son rêve. Elle voit la beauté de ses
parents et ne comprend pas la laideur de leurs actes.

La musique occupe une place importante dans votre vie. On imagine qu’elle l’est
aussi dans votre mise en scène ?

La musique c’est un film dans le film, un personnage à personnalité multiple. J’ai écrit les
quatre thèmes principaux du film. Ils ont été ensuite réinterprétés par des musiciens
américains. Les morceaux que joue la mère sont essentiellement des compositions de
mon arrière-grand-père, le compositeur Alfredo Casella. Concernant les morceaux que
j’ai empruntés, je voulais éviter de prendre des tubes années 80, qui auraient rendu les
choses trop évidentes, plaquées. Nous avons fait des recherches pour trouver des
musiques peu connues.


Bande-annonce





Le Concours 

  • Envoyer un mail à stellastellaparis@gmail.com avec votre adresse postale et répondre à la question : quel est le nom de la jeune comédienne qui interprète Aria?
  • Aimer ma page facebook et si vous le souhaitez partagez le concours (+1 point)
  • Le concours finit le 26/11 à Minuit.
  • Il y a 2 x 5 places à gagner
Bonne chance à tous! 








1 commentaire:

Merci de vos petits mots qui me font bien plaisir et me laissent un trace de votre passage!